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Kleiber. Du triple sens de Métaphore

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Du triple sens de Métaphore
Georges Kleiber
Dans Langue française 2016/1 (N° 189), pages 15 à 34
Éditions Armand Colin
© Armand Colin | Téléchargé le 25/07/2023 sur www.cairn.info par Angelina Lukash (IP: 78.196.81.15)
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ISSN 0023-8368
ISBN 9782200930431
DOI 10.3917/lf.189.0015
Georges Kleiber
USIAS (Institut d’Études Avancées de l’Université de Strasbourg) & LiLPa/Scolia
(EA 1339)
Du triple sens de MÉTAPHORE
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Ce n’est pas une nouvelle approche définitoire de la métaphore que nous nous
proposons d’entreprendre dans cette étude. Nous n’avons en effet nullement
l’intention/prétention d’ajouter au stock de conceptions déjà existant une nouvelle définition de la métaphore, censée être plus performante et donc meilleure
que les précédentes. Notre objectif est beaucoup plus modeste et plus limité,
mais non sans un fort écho-écot pour la compréhension des affaires métaphoriques actuelles. Il consiste à prendre le mot métaphore lui-même comme objet
d’étude et à mettre en évidence qu’à côté de son sens standard de « procédé de
langage », illustré par (1), il existe deux autres emplois du mot métaphore, où il
désigne ce que nous appellerons métaphores onomasiologiques et métaphores d’objets,
qu’illustrent respectivement (2) et (3) :
(1)
(2)
(3)
[...] je savais bien qu’à chaque page il y avait ou une incorrection ou une
métaphore manquant de justesse, où un trait dont le goût n’était pas pur.
(Sand, Correspondance : 1842, 1842)
On remarquera l’imagerie naissante dans ces expressions : « s’appuyer
sur ... », « se fonder sur ... » (« sur quoi vous basez-vous ? Votre décision ne
repose sur rien »). C’est la métaphore de l’appui. Chose curieuse, pour lutter
contre la conceptualisation abstraite du naturalisme, le langage ne nous offre
que le secours de l’image. (Ricœur, Philosophie de la volonté : le Volontaire et
l’involontaire, 1949)
le revolver, dans le roman, est une métaphore de la violence (entendu sur
France Culture)
Les emplois (2) et (3) du mot métaphore, quoique fort répandus dans la littérature et dans la presse, n’ont guère été reconnus ni par les dictionnaires, ni
par les spécialistes des affaires métaphoriques comme étant des emplois distincts de l’emploi tropologique classique du mot métaphore que l’on a dans (1).
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1. INTRODUCTION
Métaphore et métaphores
Or, la mise en relief de ces deux emplois et leur différenciation par rapport au
premier peuvent permettre de mettre un peu d’ordre et de clarté dans l’embrouillamini qui règne actuellement dans les études sur la métaphore. Et cela
de deux manières : d’une part, en dissipant certaines équivoques qui pèsent
parfois lourdement sur la destinée définitoire des métaphores et, d’autre part,
en délimitant mieux les contours des conceptions créatives et non créatives des
métaphores.
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Notre enquête comportera trois parties de longueur inégale correspondant
aux trois sens du mot métaphore que nous mettrons en relief ; chaque partie exposant les caractéristiques et propriétés du type de « métaphores » concerné et
reliant chaque type examiné aux deux autres en soulignant identités et différences. Nous bouclerons ludiquement ce parcours du triple sens de métaphore
en apportant, comme déjà annoncé, une réponse au paradoxe sémiotique que
constitue l’existence de métaphores de ... métaphore.
2. L’EMPLOI « STANDARD » DE MÉTAPHORE OU LA MÉTAPHORE
COMME « EMPLOI DE MOT »
Il peut paraître périlleux de débuter notre parcours avec une définition de la
métaphore, tant les conceptions et caractérisations qui ont pu être proposées
connaissent des variations considérables, mais le danger pour nous n’est pas
trop grand dans la mesure où, comme nous en avons averti le lecteur dans
l’introduction, notre but n’est pas de découvrir (enfin !) le secret définitoire des
métaphores ni d’arriver à caractériser de façon définitive leur fonctionnement. Il
nous suffit de rappeler quel est le sens que l’on reconnaît communément au mot
métaphore, i.e. quelle est la dénotation ou référence virtuelle (Milner 1982) qu’on lui
assigne d’ordinaire. Ou, dit encore autrement, qu’appelle-t-on habituellement
métaphore ?
L’usage du mot métaphore 1 lui-même (ex. 4) et, à un degré moindre, des
définitions plus ou moins techniques du terme métaphore données par les dictionnaires, grammaires, ouvrages spécialisés, etc. (ex. 5) permettent d’apporter
une réponse à cette question :
1. Il faudrait également prendre en compte les emplois de l’adjectif métaphorique et de l’adverbe métaphoriquement.
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Notre entreprise aura aussi pour résultat de faire émerger un emploi nouveau
du mot métaphore, non encore reconnu dans la littérature mais très en vogue à
l’heure actuelle dans la presse et dans le discours artistique, à savoir l’emploi
de type (3) où le mot métaphore s’emploie pour les « objets ». Elle nous donnera
in fine l’occasion de rappeler (Kleiber 2015a) que les deux emplois non standard de métaphore sont eux-mêmes, pirouette sémiotique oblige, des emplois
métaphoriques du mot ... métaphore.
(4) a.
b.
c.
d.
e.
(5) a.
b.
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c.
d.
[...] je savais bien qu’à chaque page il y avait ou une incorrection ou une
métaphore manquant de justesse, où un trait dont le goût n’était pas pur.
(Sand, Correspondance : 1842, 1842)
La métaphore « dévisser », usitée par les alpinistes, est parfois appliquée
à une chute à grande vitesse, en haut d’une bosse. (Sans mention d’auteur,
Comment parlent les sportifs, 1952)
[...] on assistait un peu ému, à la lutte de vitesse de deux historiens travaillant sur le même fonds et qui, lancés à toute vapeur, métaphore d’un
temps qui ignorait l’auto, cherchaient à se devancer l’un l’autre [...]. (Febvre,
Combats pour l’histoire, 1952)
Étripés au sens propre, sans métaphore : leur abdomen ouvert à l’aide
d’outils plus ou moins tranchants [...]. (Jenny, L’Art français de la guerre, 2011)
J’ai eu dans « Le Livre brisé » une malheureuse métaphore « je tue une
femme par livre ». C’est comme si la métaphore s’était incarnée, était
devenue une réalité. Les héroïnes de mes livres sont mortes une à une.
(Doubrovsky, Un Homme de passage, 2011)
Métaphore : emploi d’un mot dans un sens ressemblant à, et cependant
différent de son sens habituel. « Le remords dévorant s’éleva dans son
cœur ». (Ducrot & Todorov, 1972 : 354)
En grammaire traditionnelle, la métaphore consiste dans l’emploi d’un mot
concret pour exprimer une notion abstraite, en l’absence de tout élément
introduisant formellement une comparaison ; par extension, la métaphore
est l’emploi de tout terme auquel on en substitue un autre qui lui est assimilé
après la suppression des mots introduisant la comparaison (comme, par
exemple) : à l’origine il brûle d’amour contenait une métaphore du premier
type, et cette femme est une perle une du second. (Dubois et al., 1972 : 317)
On peut définir la métaphore (du grec meta-phora, signifiant exactement
‘transfert’ ou ‘transport’) comme une dénomination ou une prédication
volontairement impropre, mettant en œuvre dans le cadre de la phrase,
un rapport analogique. (Riegel, Pellat & Rioul, 2009 : 935)
La métaphore est une figure qui consiste à désigner un objet ou une idée
par un mot qui convient pour un autre objet ou une autre idée liés aux précédents par une analogie. (définition proposée sur le net par « Études littéraires » ; http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/metaphore.
php)
Des emplois de (4) et des définitions formulées dans (5), il ressort un dénominateur définitoire commun en trois parties. Par métaphore, on entend :
(i) l’emploi particulier ou occurrence particulière d’un mot ou d’une expression 2 ;
(ii) qui est jugé « déviant » ou inhabituel, parce que l’entité ou catégorie (Y), à
laquelle le mot renvoie dans cet emploi, est différente de celle à laquelle il
renvoie ordinairement (X) ;
(iii) et qui s’explique par une relation d’analogie (ou de ressemblance) unissant
Y à X.
2. Ce qui entraîne, bien entendu, la prise en compte de l’énoncé dans lequel se trouve réalisé l’emploi du mot
en emploi métaphorique.
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Du triple sens de MÉTAPHORE
Métaphore et métaphores
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(6) a.
b.
c.
d.
e.
f.
g.
h.
i.
Achille est un lion
Sophie est un glaçon
Le soleil est son petit chien (Aragon)
Le commissaire aboie
Les vagues jappent (Camus)
Le hennissement du secrétaire (Audiberti)
Le congre salace du désir (Saint-John Perse)
Un sourire barricadé (Gracq)
Un rire caoutchouteux (Riegel)
Une autre conséquence de ce statut d’emploi de mot de métaphore est que le lieu
d’existence des métaphores est le langage (texte écrit ou discours oral). Là encore,
il peut sembler inutile de souligner cet aspect ontologique des métaphores tant
il paraît relever de l’évidence. Il ne prendra lui aussi de l’importance qu’avec
les deux autres sens de métaphore. Pour le moment, nous nous contenterons de
signaler que ce premier pilier définitoire permet de compter le nombre de ou de
relever les métaphores qu’il y a dans un texte 4 , de dire d’un texte qu’il comporte
peu ou beaucoup de métaphores (ou qu’il est peu ou très métaphorique), etc.
Les deux autres points ont pour charge de définir ce que cet emploi a de
spécial et, plus précisément, ce qu’il a de spécifique par rapport à d’autres
emplois de mots également perçus comme des emplois particuliers d’unités
lexicales. Étant donné qu’ils engagent une conception du sens lexical en général,
ils ne font pas l’objet d’un consensus aussi fort que le premier. Ils paraissent
toutefois fortement ancrés dans le sens standard assigné à métaphore.
La plupart des commentateurs s’accordent sur le point (ii) et parlent de
prédication impertinente (Cohen 1966), d’anomalie sémantique (Todorov 1966),
d’incongruence (Lüdi 1973, 1991), d’incongruité conceptuelle (Kittay 1987 ;
Jonasson 1991, 1993), de rupture avec la logique (Le Guern 1973), d’attribution
insolite (Ricoeur 1975), d’usage non normal (Nunberg 1978), d’incompatibilité
3. Notamment à Tamba (1981).
4. C’était un des exercices que nous imposait notre professeur de français en classe de première.
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Le point (i) ne fait guère l’objet de discussion. Il paraît aller de soi que le
nom métaphore dénote un emploi de mot qui doit avoir un côté particulier ou
remarquable, sinon on ne lui aurait pas réservé une dénomination spéciale.
Il s’ensuit que l’on peut fournir des exemples ou illustrations de ces emplois.
Autrement dit, on peut illustrer le sens de métaphore en donnant, comme le font
les dictionnaires, des exemples d’emplois métaphoriques. La chose peut paraître
triviale. Elle le sera beaucoup moins, lorsque l’on prendra en compte les deux
autres sens de métaphore. Il n’est donc pas superflu de souligner que ce premier
point définitoire du sens classique de métaphore a pour corollaire la possibilité
d’exemplifier le sens de métaphore avec des ... métaphores comme, par exemple,
celles de (6), qui sont des exemples empruntés à la littérature 3 , dont certains,
nous le reconnaissons bien volontiers, sont plus « culottés » qu’une vieille pipe :
Du triple sens de MÉTAPHORE
(Tamine 1979 ; Kleiber 1983, 1984, 1999 ; Martin 1983 ; Prandi 1992, 2004,
2012), de contradiction avec la logique (Tamba 1981, 1994, 1999), de défectuosité
(Searle 1982), de coup de force (Murat 1981), d’incohérence (Prandi 1992, 1999,
2004), etc., pour marquer le fait qu’à la base de toute métaphore il y a une
transgression de l’usage ordinaire des termes et combinaisons, en somme un
« délit littéral » ou un « écart rhétorique » (Klinkenberg 1990, 1999). Comme le
souligne la variété des caractérisations formulées, il y a des divergences sur la
spécificité de la « contravention » sémantique à l’origine des métaphores, mais
ce point, qui a été amplement traité ces trente dernières années 5 , ne tire pas à
conséquence pour notre propos 6 .
Le point important est de reconnaître qu’il s’agit d’une déviance catégorielle :
un terme ou une catégorie lexicale se trouve employé pour une occurrence qui
ne fait a priori, ou en usage littéral, pas partie de sa catégorie, comme le souligne
M. Reddy (1969) :
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Dans (6e) Les vagues jappent, par exemple, le « tilt » sémantique provient de ce
que japper renvoie normalement à une activité des chiens et non à une activité
des vagues.
Certes, la montée en vogue des théories sémantiques constructivistes et
la mise en avant d’un sens non catégoriel et aréférentiel ont donné lieu à un
mouvement inverse, celui de la banalisation de la métaphore 8 :
[...] les énoncés métaphoriques, comme tous les tropes, ne constituent pas des cas
marqués ou déviants d’usage du langage : ils sont au contraire les cas normaux, les
usages ordinaires du langage. (Moeschler, 1991 : 65)
Mais il est facile de rétorquer que, si les expressions métaphoriques n’étaient
que des emplois banals ou standard comme les autres, il n’y aurait plus aucun
motif à parler de métaphore et on n’aurait plus aucun moyen de reconnaître
les métaphores parmi les autres emplois standard. Il ne serait plus pertinent
non plus de les relever, si elles sont banales. C’est ainsi qu’il n’y aurait plus
de sens à reconnaître en (6g) Le congre salace du désir ou (6i) Un rire caoutchouteux, par exemple, des métaphores, i.e. des emplois à part, qui méritent une
explication spéciale, s’ils ne s’écartaient guère des emplois standard. Or, force
5. Voir notamment Lakoff & Johnson (1985), Kittay (1987), Rastier (1987), Turner (1988, 1996), Lakoff &
Turner (1989), Prandi (1992), Kleiber (1993, 1994), etc.
6. Voir pour une mise au point sur cet aspect, Kleiber (2015b).
7. “We may speak of a metaphorical expression if one of the senses composing the expression has a referent
that does not belong to the reference class denoted by that sense.” (Aarts & Calbert, 1979 : 12) Voir aussi
Kleiber (1984).
8. Voir Sperber & Wilson (1986), Moeschler (1991), Gouvard (1995), Détrie (2001), Carel & Schultz (2002),
Cadiot & Visetti (2001), Visetti & Cadiot (2006), etc.
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The spontaneous and intuitive feeling that a word is operating metaphorically is, I
believe, contingent upon the failure to find a referent for given word within its literal
sphere of reference. (Reddy, 1969 : 247) 7
Métaphore et métaphores
est de constater que ceux-là mêmes qui remettent en cause le caractère marqué
des métaphores leur reconnaissent involontairement un statut spécial, dans la
mesure où ils sont obligés de déployer une explication particulière pour rendre
compte de la normalité qu’ils assignent à des énoncés tels que (6g) et (6i). Même
si elle vise in fine à montrer que l’interprétation de tels énoncés ne fait qu’obéir
aux règles d’interprétation standard, leur analyse s’appuie immanquablement
au départ sur la reconnaissance de l’existence d’une difficulté, sur le constat qu’il
y a quelque chose qui « cloche », même si ce n’est pour eux qu’apparemment.
La notion de transgression ou d’écart ou de déviance ne peut donc être éliminée
du sens de métaphore-’emploi de mot’.
Le point (iii), i.e. l’analogie ou la ressemblance 9 , ne peut l’être non plus. Si
elle est si fortement attachée au sens classique de métaphore, c’est qu’elle spécifie
le type d’emploi particulier (ou trope) que représente une métaphore. Comme le
souligne J.-M. Klinkenberg (1999) :
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La métonymie et la synecdoque sont également des « délits » par lesquels un
mot ou expression renvoie à une entité ou catégorie (Y) qui est différente de celle
à laquelle il renvoie ordinairement (X). Si elles se distinguent de la métaphore,
c’est parce que ces figures font intervenir une autre relation entre (X) et (Y) que
celle sur laquelle se fondent les métaphores. Pour la métonymie et la synecdoque,
ce sont respectivement les relations de contiguïté et de partie-tout qui prévalent
entre X et Y. Pour les métaphores, c’est l’analogie. L’analogie est en effet à la base
de la résolution, compréhension ou explication de la déviance relevée. Quelle
que soit la place – sémantique ou pragmatique ? 10 – qu’on lui donne exactement
dans les modèles qui rendent compte de la métaphore, elle est le moteur de
l’interprétation d’une métaphore. C’est « l’instruction d’analogie » (Lüdi 1991)
qui se trouve mise à contribution pour comprendre en quoi le désir de l’exemple
(6g) Le congre salace du désir peut être qualifié de « congre salace ». Quelles que
soient les modalités exactes de son fonctionnement, elle représente un élément
central du sens standard de métaphore.
Si l’on s’en tenait à cette rapide caractérisation trinitaire de métaphore, notre
entreprise pourrait paraître superflue, puisque, pour le moment, elle n’a fait que
rappeler des points, certes centraux, de la problématique des métaphores, mais
assez bien connus, qu’ils soient acceptés ou discutés. Elle ne prend son véritable
sens que parce que l’emploi de métaphore, qu’elle a mis en avant, n’est pas le seul
que connaît le mot métaphore, mais qu’il y a encore, comme annoncé dans notre
9. Nous ne faisons pas de différence ici entre analogie et ressemblance. Voir Tijus (2003) et Hilgert (2016,
à par.).
10. La question a déjà fait couler beaucoup d’encre.
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[...] le critère de l’écart n’est guère qu’une marque très générale : non seulement il ne
permet pas d’isoler la métaphore parmi les autres tropes, mais surtout il occulte les
phases de réaménagement du système qui suit le repérage de l’écart. (Klinkenberg,
1999 : 153)
Du triple sens de MÉTAPHORE
introduction, deux autres emplois de métaphore, qui sont assez courants, bien
qu’ils n’aient guère été reconnus explicitement ni par les spécialistes ni par les
lexicographes.
3. OÙ C’EST LE CONCEPT, ET NON PLUS LE MOT, QUI EST
MÉTAPHORIQUE : LES MÉTAPHORES « ONOMASIOLOGIQUES »
Nous ne disposons cette fois-ci plus comme avant de l’aide des dictionnaires,
qu’ils soient généraux ou spécialisés pour les sciences du langage, puisque cet
emploi n’y a pas encore été enregistré. Les exemples (7) montrent cependant
clairement que métaphore y est employé dans un sens différent de celui qu’il
présente dans les exemples (4) :
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On remarquera l’imagerie naissante dans ces expressions : « s’appuyer
sur ... », « se fonder sur ... » (« sur quoi vous basez-vous ? Votre décision ne
repose sur rien »). C’est la métaphore de l’appui. Chose curieuse, pour lutter
contre la conceptualisation abstraite du naturalisme, le langage ne nous offre
que le secours de l’image. (Ricœur, Philosophie de la volonté : le Volontaire et
l’involontaire, 1949)
b. Il m’est arrivé d’écrire, en un jour d’enthousiasme, « on ne comprend pas
le rôle de la métaphore de l’illumination » dans la théorie de la connaissance chez un néo-platonicien comme saint Augustin [...]. (Marrou, De la
connaissance historique, 1954)
c. En effet, l’étude diachronique de plusieurs champs sémantiques permet
d’une part de jeter un éclairage nouveau sur la conceptualisation des affects
à travers les siècles et de se pencher sur la question de la variabilité des
métaphores des sentiments. Les métaphores et les manifestations des affects
telles qu’elles sont encodées dans la langue restent-elles les mêmes au fil des
siècles ? (Pierens, 2014 : 14)
d. À travers les différents exemples que nous avons évoqués, il apparaît que
la fréquence des métaphores d’affects connaît des variations importantes
de fréquence. Ainsi la métaphore de la folie caractérise surtout la colère au
e
e
e
XVI , au XIX et au XX siècle, mais est beaucoup moins fréquente pendant
l’époque classique. La métaphore de l’ivresse apparaît au XIXe siècle et
culmine à la fin du siècle, alors que la métaphore de l’explosion apparaît au
e
XVIII siècle. (Pierens, 2014 : 934)
On voit immédiatement ce qui sépare l’emploi de métaphore dans (7) de l’emploi
standard : le mot métaphore ne sert plus à désigner l’usage transgressif d’un mot,
mais celui d’un « concept », généralement plus abstrait, utilisé pour représenter
un autre concept ou en structurer telle ou telle dimension ou tel ou tel aspect.
Alors que dans (4), le mot métaphore sert à désigner l’emploi spécial d’un mot
ou d’une expression (cf. l’emploi, dans (4b), du mot dévisser pour ‘une chute à
grande vitesse, en haut d’une bosse’ ou l’expression sans métaphore appliquée
à étripés employé « au sens propre » dans (4d), il renvoie dans (7), non à un
« procédé de langage », classiquement appelé trope ou figure, mais à l’emploi
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(7) a.
Métaphore et métaphores
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Le lecteur aura sans doute reconnu qu’il s’agit là de la conception cognitiviste
des métaphores dites « conceptuelles » que l’ouvrage de G. Lakoff et M. Johnson
(1985), au titre français 12 révélateur (Les Métaphores dans la vie quotidienne), a
fait connaître. L’exemple (7a) de P. Ricœur rappelle toutefois que ce sens de
métaphore était déjà vivace bien avant la vogue cognitiviste, mais ce sont bien
G. Lakoff et M. Turner qui ont le plus clairement et le plus fortement explicité
et défendu cette conception de la métaphore. Avec toutefois un inconvénient
majeur, qui est à la source de malentendus, équivoques et même disputes entre
défenseurs des métaphores « lexicales » (notre métaphore de sens 1) et partisans
des métaphores conceptuelles (notre métaphore de sens 2), celui de vouloir faire
rentrer les métaphores lexicales que vise l’emploi standard dans le giron des
métaphores conceptuelles et donc de ne conserver qu’une métaphore. G. Lakoff
et M. Turner refusent en effet la métaphore comme emploi de mot particulier.
Plutôt qu’une affaire d’unité lexicale, la métaphore, pour eux, est avant tout
affaire de concept, comme ils l’affirment au début de leur ouvrage (cf. 8-9) :
(8)
[...] la métaphore est perçue comme caractéristique du langage, comme
concernant les mots plutôt que la pensée ou l’action. [...] Nous nous sommes
aperçus au contraire que la métaphore est partout présente dans la vie de
tous les jours, non seulement dans le langage, mais dans la pensée et l’action.
(Lakoff & Johnson, 1985 : 14)
11. Autre illustration : il note aussi (2014 : 290) que, pour la colère, la métaphore de l’orage (vent de colère,
éclair de colère, etc.) et de la folie (folle de colère, colère furieuse, etc.) sont au XXe siècle en régression par
comparaison aux siècles précédents.
12. Le titre anglais l’est aussi (cf. Metaphors We Live By).
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spécial ou particulier d’un concept. Dans (7a), par exemple, P. Ricœur n’entend pas souligner par l’expression métaphore de l’appui que le mot appui est une
métaphore lexicale comme l’est dévisser dans l’expression la métaphore « dévisser » de (4b), mais il veut signifier par là que le concept d’APPUI est employé
métaphoriquement, i.e. est utilisé pour un domaine conceptuel qui n’est pas
le sien. Il en va de même dans (7b), où le mot métaphore sert à exprimer que
le concept d’ILLUMINATION s’emploie chez un néo-platonicien comme SaintAugustin dans un autre champ conceptuel que celui de la lumière, à savoir celui
des connaissances. M. Pierens (2014), dont nous avons cité deux exemples (7c7d) comportant plusieurs occurrences d’un tel emploi, n’utilise dans sa thèse le
mot métaphore que dans ce sens : il lui permet de noter par quels concepts normalement extérieurs au domaine des affects se décrivent les sentiments (colère,
douleur, etc.). Il pourra ainsi relever que la métaphore de l’ivresse, par exemple,
est moins fréquente ou plus fréquente dans l’expression de la colère selon les
époques 11 . L’intérêt majeur de ce type de métaphores est qu’elles permettent de
voir comment une communauté conçoit, se représente, s’imagine des concepts
abstraits comme les qualités, les sentiments, les affects, les activités et objets
mentaux, etc. La permanence ou l’évolution de ces métaphores est un révélateur
précieux de l’universalité ou de la relativité des concepts qu’elles reflètent.
Du triple sens de MÉTAPHORE
(9)
La métaphore n’est donc pas seulement affaire de langage ou question de
mots. Ce sont au contraire les processus de pensée humaine qui sont en
grande partie métaphoriques. C’est ce que nous voulons dire quand nous
disons que le système conceptuel humain est structuré et défini métaphoriquement. Les métaphores dans le langage sont possibles précisément parce
qu’il y a des métaphores dans le système conceptuel de chacun. (Lakoff &
Johnson, 1985 : 16)
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La seconde source réside dans le fait que métaphores de mot et métaphores
conceptuelles ont en commun de « rouler » sur l’analogie. La métaphore conceptuelle LE TEMPS, C’EST DE L’ARGENT, par exemple, qui donne lieu à une
kyrielle d’expressions métaphoriques 13 du type (cela m’a coûté une heure, j’ai
perdu beaucoup de temps, tu dois économiser ton temps, etc.) (Lakoff & Johnson,
1985 : 18), repose sur l’analogie, perçue dans notre culture, entre le temps et l’argent : nous concevons le temps de manière similaire à l’argent, à savoir comme
quelque chose de précieux et dont on n’a généralement pas assez. L’analogie à
elle seule ne permet toutefois pas d’assimiler métaphores lexicales et métaphores
conceptuelles. Si tel était le cas, il faudrait aussi ranger sous l’étiquette de métaphore la comparaison et même la catégorisation lexicale, puisque comparaison et
catégorisation lexicale mettent en jeu toutes deux l’analogie, comme le montrent
tout au long de leur ouvrage D. Hofstadter et E. Sander (2013).
Il ne nous semble donc pas légitime de s’appuyer sur l’analogie, comme
le font G. Lakoff et M. Johnson (voir supra, 8-9), pour ne reconnaître qu’une
« seule » métaphore. C’est une telle position « unitariste » qui est à l’origine
d’une grande partie des querelles qui ont alimenté ces vingt dernières années
la problématique de la métaphore. Il suffit en effet de reconnaître que le mot
métaphore renvoie à deux choses différentes suivant que l’on parle, par exemple,
de la métaphore « dévisser » et de la « métaphore de l’appui » pour que nombre de
difficultés et désaccords s’estompent.
Encore faut-il, bien entendu, que nous justifiions que l’emploi standard et
l’emploi conceptuel de métaphore sont suffisamment différents pour qu’ils ne
constituent pas une seule catégorie fondée sur l’analogie. Autrement dit, il nous
faut montrer qu’il ne s’agit pas simplement des valeurs différentes que prendrait
le mot métaphore compris comme ayant un sens sous-déterminé ou « vague »,
comme le fait par exemple enfant, qui selon les cas peut être interprété comme
13. Souvent nécessaires, comme on sait, parce qu’il n’existe pas d’autre moyen.
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L’erreur – car c’en est une, selon nous – provient de deux sources. La première
est d’avoir pris comme postulat que le mot métaphore ne pouvait avoir qu’un type
d’emploi, i.e. ne renvoyait qu’à un seul type d’objet. Et ceci parce qu’en matière
de métalangage, la croyance, vérifiée le plus souvent, est que les termes sont
univoques et que s’il y a des différences qui surgissent – ce qui est quasiment
la règle – à propos de l’objet dénoté par un terme, ce n’est pas l’objet qui est
différent, mais les explications et caractérisations qui en sont données.
Métaphore et métaphores
‘garçon’ ou ‘fille’, sans être pour autant polysémique. Or, tel ne semble pas être le
cas. La preuve qu’il ne s’agit pas d’indétermination ou de flou est qu’un énoncé
tel que (10) :
(10)
Paul aime les métaphores
ne donne pas lieu à une interprétation « unifiée » 14 semblable à celle de (11), qui
« coiffe » les lectures ‘garçon’ et ‘fille’ :
(11)
Paul aime les enfants
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La distinction opérée entre l’emploi standard et l’emploi « conceptuel » de
métaphore demande toutefois à être précisée à partir de la différence d’objet visé
sur laquelle elle se fonde, à savoir un mot ou une expression dans le premier cas
et un concept dans le second. Une première précision concerne le lieu d’existence
de ces deux types de métaphores. Apparemment, il ne saurait être le même, étant
donné leur différence de « substance ». Pour les métaphores de mot, c’est le texte,
alors que pour les métaphores conceptuelles, cela devrait être logiquement l’esprit
ou la pensée, ainsi que le soulignent les extraits (12) et (13) des citations (8) et (9)
mentionnées supra :
(12)
(13)
[...] la métaphore est partout présente dans la vie de tous les jours, non
seulement dans le langage, mais dans la pensée et l’action.
[...] Ce sont au contraire les processus de pensée humaine qui sont en grande
partie métaphoriques. C’est ce que nous voulons dire quand nous disons
que le système conceptuel humain est structuré et défini métaphoriquement.
Il y a toutefois une difficulté qui explique pourquoi G. Lakoff et M. Johnson, dans
les passages (8) et (9) cités supra, prennent bien soin de raccrocher malgré tout les
métaphores conceptuelles au site du langage. Les expressions « la métaphore est
partout présente [...] non seulement dans le langage [...] » et « [...] La métaphore
n’est donc pas seulement affaire de langage ou question de mots [...] » montrent
qu’ils leur accordent également une certaine existence sur le terrain linguistique.
Les métaphores conceptuelles n’échappent en effet pas au site du langage, pour
deux raisons.
La première est qu’un concept, quel qu’il soit, a toujours besoin d’une expression linguistique pour être « fixé », i.e. reconnu ou identifié. Une des faiblesses
des champs conceptuels en vogue dans les études lexicales d’il y a une quarantaine d’années résidait précisément dans le statut inévitablement linguistique
14. Pour les autres facettes du critère d’unifiabilité, voir Kleiber (2008, 2010).
24
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La lecture par défaut de (10) est celle de l’emploi traditionnel de métaphore comme
métaphore de mot et, si l’emploi de métaphore conceptuelle se trouve interprétativement mis en jeu par le biais d’un métaphorologue distingué, il y a lieu de
préciser dans quel sens se trouve pris le mot de métaphore.
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du concept à l’origine du champ, alors que les promoteurs de tels champs insistaient sur la nature conceptuelle et non lexicale du « rassembleur ». Or, on a
beau souligner que le champ de la beauté, de la parenté, de la colère, etc., a pour
dénominateur commun ou rassembleur le concept de BEAUTÉ, de PARENTÉ, de
COLÈRE , etc., il n’en reste pas moins que c’est à chaque fois une unité lexicale,
à savoir beauté, parenté et colère qui se trouve utilisée pour exprimer le concept
retenu. Il en va exactement de même pour les métaphores conceptuelles, quelles
qu’elles soient : le concept métaphorique se trouve lui aussi à chaque fois nécessairement exprimé par un mot ou une expression linguistique. On peut, comme
le font G. Lakoff et M. Johnson (1985), recourir à des phrases, de niveau conceptuel, rappelons-le, qui explicitent le rapport établi entre les concepts (cf. supra LE
TEMPS, C’EST DE L’ARGENT), mais la construction la plus usitée, parce qu’elle
offre un paradigme créatif commode, est le syntagme binominal la métaphore
de + le N où N exprime le concept qui sert à représenter l’autre concept ou à en
structurer une partie 15 . Nous en avons déjà vu des illustrations supra, puisque,
dans les exemples de P. Ricœur, de H.-I. Marrou et de M. Pierens, c’est ce type
de construction qui se trouve employé : la métaphore de l’appui, la métaphore de
l’illumination, la métaphore de l’orage et la métaphore de la folie. L’exemple le plus
connu des linguistes reste la fameuse métaphore du conduit de M. Reddy (1979),
qui a constitué le point de départ des recherches linguistiques en métaphorologie
onomasiologique.
La seconde raison est que ces métaphores conceptuelles n’existent que parce
qu’il y a des expressions linguistiques diverses, en quelque sorte métaphoriques
dans le premier sens du terme 16 , qui sont toutes des réalisations linguistiques du
concept en question. Si P. Ricœur parle de « métaphore de l’appui » (cf. 7) pour
représenter comment une connaissance ou croyance est reliée à ce qui permet
de l’établir, c’est parce que, dans le langage, on se sert d’une série d’expressions
dont le dénominateur commun est le concept d’APPUI (cf. s’appuyer sur, se fonder
sur, se baser sur, reposer sur).
Même si elles ont pour espace premier la pensée, les métaphores conceptuelles sont donc doublement liées au langage : premièrement, par la dénomination linguistique du concept qui est utilisé métaphoriquement et deuxièmement surtout, par les différentes expressions linguistiques qui instancient ce
concept. Ce second lien linguistique constitue une deuxième différence entre les
métaphores de mot et les métaphores conceptuelles : les métaphores conceptuelles
reposent nécessairement sur une pluralité lexicale 17 . S’il n’y avait pas une diversité de « réalisations » lexicales pour une métaphore conceptuelle, i.e. s’il n’y
15. Voir supra dans l’exemple des « alpinistes », le syntagme la métaphore « dévisser », où dévisser est un
autonyme, qui représente le mot, et non le concept.
16. Mais sans que la déviance catégorielle reste sensible.
17. Les métaphores dites « filées » reposent également sur la pluralité, mais il ne s’agit pas de métaphores
conceptuelles. La pluralité d’expressions qui « filent » la métaphore lexicale de départ sont co-présentes dans
le texte – ce qui n’est nullement obligatoire avec les métaphores – et ne sont pas conventionnelles.
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Du triple sens de MÉTAPHORE
Métaphore et métaphores
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Pour indiquer en quoi un concept peut être métaphorique et structurer une activité
quotidienne, commençons par le concept de Discussion et la métaphore conceptuelle
LA DISCUSSION, C’EST LA GUERRE 18 . Cette métaphore est reflétée dans notre
langage quotidien par une grande variété d’expressions : Vos affirmations sont indéfendables. Il a attaqué chaque point faible de mon argumentation. Ses critiques visaient
droit au but. J’ai démoli [...]. (Lakoff & Johnson, 1985 : 14)
Cette diversité lexicale constitutive des métaphores onomasiologiques n’est pas
libre, comme peut l’être le choix d’une métaphore lexicale. Elle n’est pas le fait
d’un locuteur. Celui-ci n’est pas un « créateur » de métaphores onomasiologiques, comme il peut l’être de métaphores lexicales. Les expressions qui instancient les métaphores onomasiologiques, qui sont donc en quelque sorte des
expressions métaphoriques dans le premier sens de métaphore, sont essentiellement des métaphores mortes ou congelées 19 et non des métaphores « vives » ou
créatives. Autrement dit, elles ne sont plus considérées comme la création d’un
locuteur mais comme faisant partie du lexique régulier, partagé par une communauté, ce que confirme le fait que la plupart des personnes ne les remarquent
18. Les capitales sont censées indiquer qu’il s’agit de concepts et non de mots. Nous venons de rappeler que
l’expression d’un concept, qu’on le veuille ou non, ne peut se passer de mot(s).
19. Si toute instance d’une métaphore onomasiologique est « congelée », l’inverse n’est pas vrai. Toute
métaphore « congelée » n’est pas une métaphore onomasiologique. C’est simplement rappeler que des
métaphores de mot peuvent être lexicalisées.
26
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avait qu’une unité lexicale qui « actualise » le concept métaphorique, il n’y
aurait plus aucune raison de parler de métaphore conceptuelle ; de même que,
si un concept ne se trouve réalisé que par une unité lexicale, et non pas par plusieurs lexèmes, il n’y a plus de raison non plus de parler de « champ conceptuel ».
On serait dans le cas, respectivement, de la métaphore lexicale et de l’unité lexicale. Ce qui justifie les métaphores conceptuelles et les champs conceptuels, c’est
précisément la pluralité d’expressions qui instancient le concept métaphorique
ou le concept rassembleur du champ. Cette pluralité a pour effet de privilégier
le côté conceptuel de l’unité à l’origine du rassemblement effectué et de faire
oublier qu’il y a malgré tout une unité lexicale qui exprime le concept. Le point
important, par conséquent, est que les métaphores conceptuelles n’existent que
par leurs réalisations diverses dans le langage. C’est pour marquer ce lien entre
le concept métaphorique et les expressions métaphoriques (dans le sens premier)
qui le manifestent et pour souligner la similitude partielle qui existe avec la situation des champs sémantiques conceptuels que nous avons choisi de parler de
métaphores onomasiologiques. Le passage suivant du premier chapitre de G. Lakoff
et M. Johnson (1985) met clairement en évidence ce rapport onomasiologique
entre concept métaphorique et expressions :
Du triple sens de MÉTAPHORE
plus 20 et n’y voient généralement pas ou plus des métaphores 21 . Cette conventionnalisation des métaphores onomasiologiques se traduit aussi par l’impossibilité d’ajouter une instance faisant partie du champ du concept, mais qui ne fait
pas partie des unités lexicalisées de la métaphore conceptuelle. Combustible fait
partie du champ du concept FEU, mais ce n’est pas pour autant qu’il s’intégrera
dans la métaphore onomasiologique du feu utilisée pour l’amour. Si un locuteur
risque un énoncé consternant comme (14) :
(14)
Mon amour a besoin de combustible
il rallume en quelque sorte, par une métaphore grossière – cette fois-ci lexicale –
la flamme éteinte de la conventionnelle métaphore onomasiologique.
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Avec le troisième emploi de métaphore, nous quittons le terrain des concepts pour
celui des « objets ». Le nom de métaphore ne se trouve plus cette fois-ci employé
pour renvoyer à l’emploi transgressif d’un mot pour une autre catégorie que
celle à laquelle il est destiné ou pour dénoter l’emploi d’un concept pour représenter ou structurer un autre concept. Il renvoie à la situation où « un objet »,
généralement concret, est vu comme représentant un autre objet, généralement
une entité abstraite (propriété, qualité, affect, sentiment, idées, objets mentaux
de différents types, etc.), comme le montrent les exemples suivants :
(15) a.
b.
Le revolver, dans le roman, est une métaphore de la violence.
[article sur la rénovation de la Bibliothèque Nationale Universitaire de
Strasbourg. Sous la photo qui montre l’escalier dans le hall] Au pied de
l’escalier monumental de la nouvelle BNU, métaphore de l’ascension vers
les connaissances. (DNA, 15-06-2014)
c. Encore une histoire d’exorcisme plutôt bien filmée par Scott Derrikson
mais sans grande surprise. On peut y voir une métaphore du syndrome de
stress post-traumatique dont souffrent plus de trois millions d’Américains,
anciens du Viet-Nam, du Golfe ou de l’Afghanistan. (Le Canard Enchaîné,
03-09-2014, Chronique du cinéma : à propos du film Délivre-nous du mal de
Scott Derrickson)
d. [Spike Jonze est le réalisateur de HER, qui est un film d’anticipation décrivant la passion du héros pour son smartphone] Avec « Her », merveille
d’élégance narrative, métaphore élégiaque de la moderne solitude, Spike
Jonze (dans la peau de John Malkovitch) va réussir à transmettre, à faire
partager une très grande, une très belle histoire d’amour. (Marianne, 14 au
20-03-2014)
20. Hofstadter & Sander (2013) se servent dans leur introduction de cette haute fréquence des instances de
métaphores onomasiologiques pour montrer qu’il n’y a rien de plus commun dans le langage que la métaphore.
21. C’est cette différence, bien souvent oubliée dans la littérature, qui sert de socle à la thèse de la « banalité »
de la métaphore.
LANGUE FRANÇAISE 189
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4. OÙ C’EST UN OBJET, ET NON PLUS UN MOT OU UN CONCEPT,
QUI EST MÉTAPHORIQUE : LES MÉTAPHORES D’OBJETS
Métaphore et métaphores
e.
f.
Dans la publicité, la cigarette continue d’être présente, mais a désormais
rejoint le côté obscur... devenant une métaphore du Mal pour des associations de prévention et un jeu de créativité pour les graphistes. (Internet)
1960 : métaphore évidente du maccarthysme, le « Spartacus » de Stanley
Kubrick fait entrer le péplum dans l’âge adulte. (Marianne, 18 au 24-04-2014,
article sur le retour des péplums au cinéma)
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(16)
*Le revolver, dans le roman, métaphorise la violence. 24
Il semble qu’il faille un acteur – ou un interprétant – sujet de conscience, soit
l’auteur de l’objet métaphorique, soit un être percevant établissant le lien métaphorique entre les deux objets. Cela rapproche cet emploi de métaphore de celui
qu’il a lorsqu’il renvoie aux mots métaphoriques, met en avant son côté créatif –
il n’a rien de « congelé » 25 – et explique pourquoi il est très en vogue dans les
écrits qui ont pour objet les productions artistiques (littérature, cinéma, peinture,
publicité, etc.). C’est dire que, même si leurs arbres peuvent se ressembler, la forêt
de symboles baudelairienne n’est pas (encore ?) tout à fait une forêt de métaphores,
quoique...
22. Voir l’exemple suivant des Dernières Nouvelles d’Alsace (15-03-2014) où le sens de l’adjectif métaphorique
se trouve explicité par le mot symbole de la phrase qui suit. [Le New-York Times a demandé à des illustrateurs
de la Haute École des Arts du Rhin (Strasbourg) d’illustrer un sujet consacré aux dégâts causés par l’agriculture
intensive en Californie, celle-ci étant confrontée à d’intenses sécheresses. Le dessin qui a été retenu (celui de
Lucie) est décrit comme suit par le journaliste] : « Il s’agit, dans un graphisme épais qui rappelle la technique
de la gravure sur bois, d’une vache broutant une terre désertique tandis qu’émerge de la masse de son dos
une forêt en feu ». Le commentaire de Lucie est le suivant : « Il fallait éviter de dériver dans l’humour. Le
sujet étant sérieux, sinon grave, l’illustration devait échapper à l’écueil de la drôlerie, de la blague, pour être
davantage métaphorique. Il fallait jouer sur le symbole. »
23. La sémiotique caractérise d’arbitraires les signes symboliques, par opposition aux iconiques et indexicaux.
Il est vrai que Saussure voit les choses un peu différemment, puisqu’il différencie le signe, arbitraire, du
symbole, où « il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le symbole de la justice, par
exemple, ne pourrait pas être remplacé par n’importe quoi, un char, par exemple » (Saussure, 1968 : 101).
24. Voir aussi Le renard symbolise la ruse vs. *Le renard métaphorise la ruse.
25. C’est ce point, qui, entre autres, le distingue d’emblème et d’allégorie (dans une de ses acceptions), puisque
ces termes peuvent renvoyer à des relations conventionnelles.
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Dans ce troisième emploi, métaphore devient en quelque sorte un concurrent,
non encore stabilisé, des mots emblème, allégorie, icône et symbole, avec lesquels
il faudrait le confronter plus longuement pour dessiner de manière plus ferme
les contours de chacun. Nous nous contenterons de souligner ici que si sa
proximité avec symbole est évidente – la substitution de l’un à l’autre pouvant
être envisagée sans trop de difficulté 22 – deux propriétés contribuent à l’en
différencier. L’analogie s’avère essentielle pour ces métaphores d’objets, mais
non pour les symboles : le symbole peut être arbitraire 23 ou non (cf. la couleur
verte est la couleur de l’espérance). Ensuite, le symbole est centré sur l’objet qui sert
de représentation à l’autre, ce que reflète le fait de pouvoir dire X symbolise Y,
alors que la métaphore, dans le sens étudié, ne donne pas lieu à un tel emploi
verbal : on n’aura pas pour (15a) un énoncé tel que (16) :
Du triple sens de MÉTAPHORE
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En troisième lieu, il faut noter que, même si les métaphores d’objets sont
plus proches des mots en emploi métaphorique que des métaphores onomasiologiques, on n’a pas le sentiment d’une transgression ou d’un délit ou d’une
déviance comme avec les métaphores de « mots » 27 . Les métaphores-objets ne
donnent pas lieu à cette incompatibilité catégorielle qui caractérise les métaphores de mots : entre, par exemple, le revolver et la violence ou la cigarette
et le Mal (cf. 15a-15e), il n’y a pas ce choc « catégoriel » qu’il y a entre homme
et lion (cf. Achille est un lion). La raison en est simple : l’objet « métaphorique »
garde à chaque fois dans le contexte où il figure son rôle ou sa fonction d’objet.
Revolver et cigarette dans les contextes où on les considère comme des métaphores de la violence ou du Mal restent bien l’objet qu’ils sont. S’il y avait une
transgression semblable à celle des métaphores de mot, il faudrait que le revolver dans l’histoire racontée ne fonctionne plus comme revolver mais comme
un autre objet dont la situation permet de comprendre l’identité 28 . Or, tel n’est
pas le cas des métaphores d’objet, parce que la figuralité n’y est pas horizontale,
c’est-à-dire qu’elle ne s’établit pas de domaine à domaine de même niveau, mais
est verticale 29 , hiérarchique en somme, avec un objet, le plus souvent concret
qui, en même temps qu’il remplit sa fonction d’objet, sert de « figure » ou de
représentant à une entité supérieure, le plus souvent abstraite. On retrouve là
le lien signalé supra avec les notions d’emblème, d’icône, etc., mais il faut aussi
rapprocher cette relation à l’œuvre dans les métaphores-objets d’une part, sur le
plan lexical, avec la relation hiérarchique hyponymie-hyperonymie, puisque l’objet
représentant apparaît en quelque sorte comme étant une occurrence de l’objet
représenté et, d’autre part, sur le plan conceptuel, avec la métaphore conceptuelle GENERIC IS SPECIFIC de G. Lakoff et M. Turner (1989 : 165), puisque
26. On comprend pourquoi si « l’appui » est une métaphore de X, la violence n’est pas une métaphore de ...
27. Les « métaphores-objets » sont donc, de ce côté-là, plus proches des métaphores-expressions congelées
qui instancient les métaphores onomasiologiques.
28. Ce qui peut être le cas dans des situations picturales ou autres surréalistes.
29. On rappellera que chez Aristote la métaphore s’appliquait aussi à une telle relation verticale, puisqu’elle
recouvrait le déplacement soit du genre à l’espèce, soit de l’espèce au genre.
LANGUE FRANÇAISE 189
29
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Deuxièmement, nous soulignerons que, si nos métaphores d’objets donnent
également lieu à des SN binominaux de forme métaphore de SN, ces SN binominaux diffèrent de ceux qui ont cours avec les métaphores onomasiologiques sur
deux points. Syntaxiquement, ils admettent l’article indéfini un (cf. une métaphore
de la violence vs. *une métaphore de l’appui) 26 . Et, sémantiquement, le SN régi ne
correspond pas, comme c’est le cas avec les métaphores conceptuelles, au représentant, mais au représenté. Le SN l’appui dans la métaphore de l’appui représente
ou « figure » le concept abstrait, alors que c’est l’inverse avec une métaphore de la
violence où le SN la violence renvoie à l’entité abstraite représentée ou « figurée »
par le revolver.
Métaphore et métaphores
du « spécifique » sert à représenter 30 du « général ». L’affaire n’est donc pas
bouclée !
5. CONCLUSION
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Il nous reste à apporter une réponse à la pirouette sémiotique esquissée dans
notre introduction : comment peut-on parler d’emplois métaphoriques du mot ...
métaphore ? Nous redonnerons ici la réponse apportée en 2015 (Kleiber 2015a).
L’énigme des métaphores métaphoriques n’est qu’apparent parce que le deuxième
et le troisième type d’emplois du nom métaphore répondent bien à la définition
de son premier type d’emploi :
– le mot métaphore y est employé de façon déviante puisque l’entité à laquelle
il renvoie dans ces deux emplois est différente de celle à laquelle il renvoie
d’ordinaire (1er emploi) : d’un renvoi à un mot ou expression, on passe au
renvoi à un concept (2e emploi) et à un objet (3e emploi) ;
– il y a bien une relation d’analogie entre ces deux emplois et le premier : ce qui
est similaire dans les trois emplois, c’est l’utilisation d’un X (mot, concept ou
objet) pour renvoyer à ou « figurer » un Y (mot, concept ou objet) sur la base
d’une analogie.
Comme on le voit, la possibilité d’avoir des métaphores de ... métaphore repose
ainsi crucialement sur celle d’avoir une analogie ... d’analogies.
30. Voir ici l’échelle des êtres et du monde de Lakoff & Turner (1989 : 66) : “The Great Chain of Being is
a cultural model that concerns kinds of beings and their properties and places them on a vertical scale with
‘higher’ beings and properties about ‘lower’ beings and properties. When we talk about man’s ‘higher’ faculties,
we mean his aesthetic and moral sense and rational capacity, not his physical characteristics, his animal desires,
or his raw emotions. We speak of higher and lower forms of life. The Great Chain of Being is a scale of forms
of being –human, animal, plant, inanimate object– and consequently a scale of the properties that characterize
forms of being –reason, instinctual behavior, biological function, physical attributes, and so on.”
31. Et des métaphores d’objets, bien sûr, mais comme l’existence de celles-ci n’a pas été reconnue jusqu’ici, le
problème ne s’est pas posé.
30
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Même si certains aspects évoqués demandent à être approfondis et/ou remodelés, il nous semble que nous avons atteint le double objectif que nous nous
sommes fixé. En premier lieu, nous avons mis en évidence qu’il fallait distinguer trois emplois du nom métaphore : les métaphores de mots ou métaphores
lexicales, les métaphores onomasiologiques, où c’est le concept qui est considéré comme métaphorique, et les métaphores d’objets, où c’est un objet, et non
plus un mot ou un concept, qui sert à représenter un autre « objet ». En second
lieu, nous avons montré qu’une grande partie des équivoques et désaccords qui
règnent dans le domaine de la métaphore se résolvent pour peu que l’on renonce
à une métaphore unique et que l’on accepte de distinguer, comme elles l’exigent,
métaphores lexicales et métaphores onomasiologiques 31 .
Du triple sens de MÉTAPHORE
Références bibliographiques
AARTS J. M. G. & CALBERTS J. P. (1979), Metaphor and Non-Metaphor : the Semantics of AdjectiveNoun Combinations, Tübingen: Niemeyer.
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